Document Type

Article

Publication Date

2015

Abstract

Avec la peinture, la photographie et le dessin, le surréalisme parvient progressivement à s'éloigner d'une conception trop idéologique du travail de Sade et à engager un dialogue à la fois esthétique et politique entre l'univers érotique surréaliste et la représentation sadienne d'une sexualité qui s'affranchit de toute norme sociale. Man Ray, par l'étendue et la variété des sujets qu'il traite, fait office de figure centrale dans ce mouvement du mythe au dialogue. De ses portraits « imaginaires » du Marquis, à l'illustration du roman Aline et Valcour, aux photographies de figurines en bois faisant référence à des thématiques sadiennes, Man Ray propose différentes manières de conceptualiser un érotisme surréaliste sadien. Le dialogue prend d'autres formes chez Magritte: l'inspiration laisse la place à un processus de création partagée où le jeu sur l'inconscient et l'imaginaire du désir permet de palier à l'absence de références directes au texte illustré. Dans les dessins d'Hans Bellmer, l'enchevêtrement des corps et des lignes fonctionne comme une métaphore de l'écriture sadienne. L'érotisme littéraire est remplacé par le plaisir esthétique produit par un corps sou mis à sa propre aliénation et par un érotisme visuel de la ligne. En mêlant figuration et abstraction, les plasticiens surréalistes soulignent la difficulté de s'approprier le matériau narratif sadien et de le rendre lisible pour d'autres. La translation, la traduction par l'image d'un aspect du personnage ou de l'œuvre de Sade est un processus dialogique qui encourage l'artiste à expérimenter avec de nouvelles formes et à repousser les limites de l'imaginaire érotique surréaliste.

Publisher Statement

Copyright © 2015, Fabula. This article first appeared in Mélusine: 35 (2015), 31-40.

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