Abstract

Revenant a l'œuvre monumentale de Mikel Dufrenne sur la Phénomenologie de l'experience esthétique pour la considérer sous l'angle de l'évolution de notre compréhension de la phénoménologie depuis 1953, force est de constaterque Dufrenne se distançait déjà quelque peu d'une phénoménologie et d'une esthétique de la présence. Forts de la lecture des derniers essais de Heidegger et de notre confrontation à la poursuite par Derrida de cette interrogation sur l'onto-théologie, peut-être avons-nous de notre côté trop facilement présumé que la tradition phénoménologique opérait presque impulsivement sous le signe de la présence, ce qui a fait de nous des experts peut-être bien trop experts dans I'art de l'extrapolation des restes de cette obsession. Le début de la troisième et cruciale partie de l'ouvrage de Dufrenne, Phénomenologie de la perception esthétique, est consacré à la Présence. Si Dufrenne insiste sur une certaine présence corporelle comme fondement de toute expérience esthétique, en nous offrant en même temps une description subtile de la complicité du corps et de I'objet esthétique, il n'en affirme pas moins que la présence ne peut ni ne saurait être la fin de l'histoire. En effet, après une analyse de la «totalité objet-sujet» que forment la perception et la présence, il poursuit: «Tel est le plan de la présence. Une théorie de la perception n'en peut rester là et doit ouvrir le passage de la compréhension vécue par le corps à l'intellection consciente opérée au plan de la représentation. Mais il en reste que la perception commence là.»

Document Type

Article

Publication Date

1993

Publisher Statement

Copyright © 1993 Jean Michel Place. This article first appeared in Revue d'esthetique 24 (1993): 21-26.

Please note that downloads of the article are for private/personal use only.

Share

COinS