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Book Chapter

Publication Date

2010

Abstract

Dans le drame bourgeois de Diderot, il n'y a pas de « bourgeois». Pas de personnages bourgeois (par exemple, pas de M. Jourdain ou de Turcaret dans le rôle du bourgeois à ridiculiser), pas de valeurs bourgeoises (qui sont après tout une invention du XIXe siècle), pas d'esprit de groupe bourgeois - de conscience de classe - qui unirait et distinguerait les protagonistes du Fils naturel (1757) et du Pere de famille (1758). Béatrice Didier, dans son Diderot dramaturge du vivant, remarque ce flottement conceptuel sans pour autant s'en distancer : « il s'agit de représenter la vie de bourgeois», nous dit-elle, précisant entre parenthèses « ici plutôt de la petite noblesse», comme si les deux étaient a peu près similaires. Un peu plus loin, elle ajoute : « [l]es personnages semblent faire partie de l'aristocratie, mais ils mènent une vie bourgeoise ; le drame qu' ils vivent n'appartient en propre à aucune classe ». Pour d'autres critiques, c'est souvent l'importance accordée à la famille- nucléaire, restreinte et au caractère privé des « salons » où se déroule I' action, qui feraient des ambitions théâtrales de Diderot une entreprise fondamentalement bourgeoise. Pourtant, il y a un étrange écart entre l’étiquette accolée au drame sérieux par l'histoire littéraire - et Diderot lui-même - et les situations, personnages, et valeurs mises en scène dans ses pièces. Le mystère reste entier : pourquoi faire de ces drames, de cette littérature larmoyante, foncièrement morale, idéaliste par moment, un genre « bourgeois » ?

Publisher Statement

Copyright © 2010 Classiques Garnier. This chapter first appeared in Roman et théâtre: Une rencontre intergénérique dans la littérature française.

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